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Journaliste et consultant de profession. Depuis 2012 il s'occupe également de la coordination éditoriale de la plateforme Economia.ma Il a occupé plusieurs postes durant sa carrière dont récemment le poste de Conseiller auprès du ministère de la culture (2007-2012). Dans le ...
Voir l'auteur ...Il n’y a pas, à proprement parler, de stratégie nationale de lutte contre les inégalités, mais un ensemble de programmes de lutte contre la pauvreté offrant l’image d’une politique éclatée et non intégrée, portée par une multitude d’intervenants, relevant d’une diversité de tutelles allant des ministères à des agences et des fondations. Parce que non coordonnés, ces programmes, qui sont au nombre de onze, souffrent d’un réel déficit de cohérence et de convergence. Cet état de fait génère des déperditions résultant de l’absence d’une mutualisation des ressources humaines et matérielles. Il s’agit du trait le plus marquant de la gouvernance de toute la politique nationale de lutte contre la pauvreté.
De plus, et à l’exception des projets relevant de l’Initiative nationale de développement humain (INDH) qui obéissent à des mécanismes et procédures de contrôle, de suivi et d’évaluation, de nombreux programmes de lutte contre la pauvreté sont grevés de déviances très préjudiciables au regard de l’efficacité de leur impact sur la situation des populations bénéficiaires. Quand on voit les moyens financiers alloués à ces programmes représentant plus de 50% du budget général de l’État, on mesure dès lors l’ampleur du gaspillage, du gâchis et du manque à gagner qui caractérisent la gestion de l’action publique en matière d’action sociale et de solidarité.
Il s’agit de programmes qui touchent les secteurs sociaux au sens large, à savoir :
Au vu de ce diagnostic et au-delà de la question du ciblage, il est dans la logique des choses que l’efficacité de ces programmes s’en trouve affectée malgré la réduction du taux de pauvreté constatée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et l’Observatoire national de développement humain (ONDH) durant les deux dernières décades. Aussi, entre les couches sociales, les territoires, les sexes, et les personnes à besoins spécifiques (handicapés, personnes âgées, etc.). Ces inégalités, qui offrent l’image d’un Maroc à plusieurs « vitesses sociales », ont impulsé un réel blocage en termes de mobilité sociale avec toutes les conséquences qui en découlent, notamment, sur le plan de la confiance des jeunes, des classes moyennes et des pauvres en l’avenir de leurs statuts respectifs dans la société.
Ceci dit, le ciblage reste une question pertinente. Cela a certes connu des avancées réalisées à travers la mesure de la pauvreté multidimensionnelle, l’élaboration d’une carte de la pauvreté élaborée par le HCP et à partir des études menées par l’ONDH, mais force est de constater que ce chantier mérite d’être approfondi au regard de deux données majeures. La première donnée concerne la définition d’un seuil de pauvreté correspondant à la réalité sociale actuelle du Maroc, car un indicateur de 1 dollar US en parité du pouvoir d’achat par personne pour définir l’état de pauvreté absolue et de 2 dollars US pour les moins pauvres n’est plus en phase avec l’état social du Maroc de 2017.
La seconde donnée est liée à l’émergence et au développement de nouvelles générations de pauvres et de pauvreté constituées de fonctionnaires et de salariés, de paysans sans terre, de diplômés chômeurs, d’étudiants, de femmes chefs de ménages, de retraités, de travailleurs des secteurs informels, de migrants et des personnes à besoins spécifiques (handicapés et personnes âgées, notamment).
De ce fait, la question du ciblage est donc à repenser à l’aune de l’état actuel du pouvoir d’achat et de l’évolution du coût de la vie qu’a connue le Maroc depuis la mise en place de l’indice de mesure de la pauvreté par le système des Nations Unies au milieu des années 80. C’est ainsi que l’on peut être mieux à même d’apprécier l’efficacité des programmes de lutte contre la pauvreté eu égard aux mécanismes de ciblage qui en découleraient.
Il y a deux types de politiques publiques de lutte contre les inégalités, tous deux s’insèrent dans le cadre d’une approche en termes de droits humains fondamentaux : en premier, les politiques publiques qui s’inscrivent dans le cadre de la deuxième génération des droits de l’homme et qui comprennent les droits économiques et sociaux, tels que consacrés par la nouvelle Constitution de 2011. Il s’agit des politiques actives qui permettent aux citoyens en situation de précarité, de vulnérabilité et d’exclusion de sortir de la pauvreté et de s’inscrire dans une perspective de mobilité sociale. Parmi ces politiques publiques actives, on citera :
Le deuxième type de politiques consiste à prendre appui sur la réflexion mondiale menée actuellement par le système des Nations Unies concernant la mise en place d’un revenu universel de base. Cet instrument est appelé à remplacer et à compléter les systèmes nationaux de protection sociale existants. Cette réflexion, qui a été entamée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, est consignée dans le Rapport du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté de juin 2017.
Cette option offre des perspectives prometteuses en matière de lutte efficace contre l’extrême pauvreté et de réduction généralisée des inégalités sociales pour un développement humain durable et équitable.
PERG (Programme d’électrification rurale) ;
PNCRR (Programme national de construction de routes rurales).