Le collectif, espace imaginaire. Décoloniser l’imaginaire collectif
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Le collectif, espace imaginaire. Décoloniser l’imaginaire collectif

Inventer les collectifs du futur demande à accéder et à agir sur l’imaginaire collectif pour le dégager des aliénations et répétitions qui empêchent les collectifs de penser par eux-mêmes à leur futur désirable. Telle est l’hypothèse que pose l’auteur de cet article. L’approche du collectif est d’orientation psychosociologique. C’est une approche clinique qui vise à articuler les processus psychiques et les processus sociaux.
L’enjeu est de déconstruire les représentations incapacitantes, et d’ouvrir l’accès à l’histoire individuelle et collective, qui est une création traversée par la grande histoire. Au sujet de notre histoire « qui parle toujours en nous », Frantz Fanon démontre dans ses recherches que la colonisation la plus néfaste est celle qui attaque l’être de l’intérieur jusqu’à ce qu’il cède à lui-même. Il intériorise qu’il est un être sans identité, sans histoire et sans futur. Décoloniser l’imaginaire collectif est donc un enjeu pour une société qui crée son devenir.

La notion d’imaginaire collectif est fondamentale pour les psychosociologues cliniciens. Pour préciser cette notion, l’auteur va articuler les dimensions sociales, organisationnelles et groupales qui composent cet imaginaire. Pour cela, il va d’abord se baser sur les travaux de Cornelius Castoriadis et son concept de « significations imaginaires sociales » qui structurent la construction des sociétés, à des moments-clés de leur changement, au travers des réponses qu’elles se donnent aux questions suivantes : qui est-on et que voulons-nous ? Selon Castoriadis, « l’histoire est impossible et inconcevable en dehors de l’imagination productive et créatrice ». L’auteur poursuit son exploration de ce qui constitue l’imaginaire collectif, dans les dimensions sociétales et organisationnelles, en s’appuyant sur les travaux d’Eugène Enriquez et, notamment, sur les notions d’imaginaire fécond (création, pulsion de vie) et d’imaginaire leurrant (répétition, « faire comme si », pulsion de mort).
Enfin, il fait référence aux travaux de Didier Anzieu, René Kaës et Elliot Jacques sur l’imaginaire groupal et organisationnel comme une aide à penser les dimensions inconscientes dans les collectifs et leur rôle dans la déconstruction du discours de l’autre en nous, pour pouvoir penser ses projets et son futur.
Pour illustrer le poids de l’imaginaire collectif dans les changements que traversent les sociétés et les collectifs, l’auteur se base sur deux situations réelles d’intervention dans les collectifs : la première est une intervention qu’il a menée dans une organisation multinationale qui se situe entre les deux rives de la Méditerranée ; la seconde est l’intervention « clinique » de Frantz Fanon à l’hôpital de Blida à Alger, qui ouvre un champ de recherche fécond sur la décolonisation de l’imaginaire collectif.

Pour lire et télécharger l'article : https://bit.ly/4c5pAgK