Pour des emplois durables !
Le gouvernement espagnol de droite a quelques motifs d’espérer. Si les chiffres officiels du mois de juin annoncent encore 4.763.680 demandeurs d’emplois, on constate depuis quatre mois une baisse continue. Une bonne nouvelle même si elle est encore loin de satisfaire toutes les populations concernées et demeure relativement discriminatoire ; plus favorable aux hommes qu’aux femmes. Le nombre total de femmes se trouvant sans-emplois s’élève à 2.431.071, contre 2.332609 hommes en chômage, selon la même source.
Pour le gouvernement du parti populaire c’est une nouvelle réconfortante. Indépendamment de certains commentateurs qui lient ces annonces à des activités agricoles et touristiques conjoncturelles. Car les dernières statistiques, publiées par Eurostat, montrent que l’Espagne reste le pays d’Europe où le taux de chômage demeure le plus élevé. A noter que pour l’Espagne cette "récupération de l'emploi" s'accompagne d'une augmentation des contrats précaires. Les espoirs de la "reprise", passent ainsi par des emplois saisonniers et des contrats à temps partiel. A peine 7 % des 1,28 million de contrats signés en mai sont de période indéterminée, soit 95 800. Et non seulement ce type de contrats se raréfie mais près de 40 % sont à temps partiel.
Dans les économies avancées, y compris aux Etats unis où il y a déjà une croissance modeste certes, mais réelle ; l’activité économique stimulée par les politiques publiques ou non, crée peu d’emplois durables et de qualité, la principale dominante reste dans cette évolution le recrutement dans les services. Pour remédier à cette situation l’un des thèmes aujourd’hui en vogue parmi les faiseurs des politiques publiques est celui des innovations. On pense ainsi que l’offre d’emplois dans les secteurs innovants est un élément de réponse stratégique pour corriger la fragilité de l’offre de travail. Or aujourd’hui l’innovation est en soi un champ très vaste à analyser. Des Economistes estiment désormais que la théorie économique n'a pas bien compris les impacts du progrès technique sur la dynamique économique en général et le marché du travail en particulier.[i] Les innovations dans les processus de production accroissent la productivité des entreprises mais modifient aussi l'arbitrage des ménages entre consommation et épargne. Ces deux dynamiques ne se superposent pas dans la durée et ont des effets sur la durée du travail, laquelle constitue une variable régulatrice fondamentale de l'économie sur le long terme.
Clayton Christensen, spécialiste mondial de l’innovation et professeur à Harvard, explique[ii] pourquoi le système d’innovation américain ne marche plus et contribue au ralentissement de l'économie. Il fait une typologie des innovations pour mettre en relief des innovations qui développent ou anéantissent l’emploi. Il plaide pour le renforcement d’un type particulier qu’il qualifie d’innovation transformationnelle, ces empowering innovations transforment des produits compliqués, coûteux et accessibles à peu de gens en produits simples, abordables et disponibles au plus grand nombre. Ce type est peu présent aujourd’hui dans l’économie américaine et l’un des moyens de renforcer sa présence -selon Christensen - réside dans le renforcement de l’investissement dans l’éducation. Finalement, on retrouve chaque fois à travers les analyses le même défi, partout dans le monde, l’éducation et la formation constituent les plus importants outils de dynamisation du marché du travail. Si c’est valable pour les autres , il n’y a pas de raison de ne pas l’être chez nous !
[i] Une autre vision du marché du travail
LE MONDE
30.06.2013 à 18h20 | Par Jean Vercherand (Economiste et historien)
[ii] A Capitalist’s Dilemma, Whoever Wins on Tuesday
By CLAYTON M. CHRISTENSEN
Published: November 3, 2012
The New York Time
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