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Colloque international de la chaire Fatéma MERNISSI

 

Colloque Fatéma Mernissi novembre et décembre 2016 

 

 

 

 

 

 

 

Colloque international de la chaire Fatéma MERNISSI
Préalables pour une gouvernance réussie

Préalables pour une gouvernance réussie

Auteur : Rapport Banque Mondiale “Diagnostic systématique pays”

Le 20 novembre 2017 , Economia HEM Research center  a accueilli à son siège, au Campus de Rabat de HEM, une réunion de consultation de la banque mondiale autour de son diagnostic systématique pays(DSP) sur le Maroc et ce,  pour la période  des quatre prochaines années 2017/2020.

Une vingtaine de chercheurs du centre et des universités de Casablanca Rabat et Kenitra ont participé à cette réunion, animée par JP Chauffour Économiste principal pour le Maroc à la Banque mondiale.

 Les consultations relatives au DSP ont pour objectif d’échanger avec les différents milieux et partenaires du pays les idées et réflexions à propos des programmes d’action de la banque mondiale dans un pays donné .Dans le cas du Maroc ces échanges se devaient d‘identifier les défis et les opportunités pour réduire la pauvreté et promouvoir la prospérité partagée de manière durable, notamment à travers l’identification des domaines prioritaires de réformes pour soutenir  l’amélioration du niveau de vie et l’émergence d’une classe moyenne dynamique .

Des inclusions à édifier

En fait le diagnostic présenté ne comportait pas d’éléments nouveaux majeurs par rapport au mémorandum sur l’émergence de l’économie marocaine présenté par la même institution moins d’une année auparavant .Le diagnostic  retient  cinq critères, le premier est relatif à la question de la pauvreté et des inégalités, il rappelle la persistance de défis importants dont le sentiment de pauvreté et de manque d’opportunités parmi les populations, notamment l’écart d’aspirations  chez les jeunes. Le second souligne la vulnérabilité des acquis économiques et sociaux réalisés, le troisième plus étendu repose sur les déficits en matière d’inclusion :

  • L’inclusion des institutions de marché
    • Un milieu des affaires plus propice à l’entrepreneuriat et au développement des PME
    • Un marché du travail plus inclusif, notamment des jeunes et des femmes
    • Un régime des échanges extérieurs plus inclusif (commerce, investissement, capitaux)
  • L’inclusion des institutions publiques
    • Dans l’élaboration et le respect de l’état de droit
    • Dans l’administration de l’État et des collectivités locales
    • Dans la fourniture de biens et services publics
  • L’inclusion dans la formation du capital humain
    • L’accès à une éducation de qualité
    • L’accès à une santé de qualité
    • L’accès au développement de la petite enfance
  • L’inclusion comme capital social
    • L’inclusion des femmes
    • L’inclusion des jeunes
    • L’inclusion des personnes handicapées.

Un programme social à la recherche d’un meilleur ciblage

Onze contraintes dominantes sont identifiées par ce diagnostic et nécessitent d’être traitées pour accélérer l’émergence du pays. Parmi les axes prioritaires d’intervention, les experts de la Banque mondiale préconisent des propositions et des objectifs  désormais reconnues, notamment en matière de  lutte contre les rentes et de  renforcement de la concurrence et de  l’accès équitable aux marchés. Ils appellent aussi à promouvoir l’innovation et récompenser (ne pas pénaliser) la prise de risque.

Sur le plan social on notera la proposition de Lutter contre les discriminations à l’égard des femmes et de favoriser leur autonomie (droits, liberté d’action), celle de créer un registre social pour améliorer la gouvernance, le ciblage et la coordination des programmes sociaux, d’améliorer la sécurité des travailleurs (assurance chômage) ainsi que l’efficacité et le ciblage des politiques actives du marché du travail (PAMT). Parmi les axes  on notera aussi l’appel à des interventions spatialement ciblées pour faire face à l'exclusion sociale (poches de pauvreté urbaine, périurbaine et rurale).

Parmi les points les plus significatifs de ce diagnostic la banque mondiale met en exergue ce qu’elle qualifie de contrainte transversale,  celle de la nécessité absolue d’une amélioration de la gouvernance. Dans plusieurs passages de ce diagnostic on retrouvera trois thèmes concomitants :

-le  renforcement de  la transparence et de l’accès à l'information

-La Promotion de  l’expression et de la participation citoyenne.

-Le respect et la mise en œuvre les lois, et le renforcement de  la justice.

L’inévitable  transparence

Parmi les actions préconisées on retiendra l’appel clair et franc à l’adoption d’une loi ambitieuse sur l’accès à l’information ; la consécration de  la reddition des comptes à travers l’évaluation systématique des politiques, ainsi que l’amélioration relative à l’équité des procédures judicaires et de la justice pénale, la protection des biens (régime foncier, expropriation)et la protection des contrats (procédures et processus d’exécution).

Le diagnostic conclut sur ce qu’il qualifie  de défis de la mise en œuvre de ces orientations,   à travers des questions politiques effectivement  cruciales et d’extrême actualité. Il s’interroge ainsi sur Comment consolider le lien social pour être acteur d’un Maroc modernisé?  Comment renouer avec un sens de l’intérêt général et du collectif dans le cadre d’un contrat social renouvelé?  Et    Comment restaurer la confiance des citoyens envers les corps intermédiaires et assurer que ces corps soient à la hauteur des enjeux?    Des interrogations clés qui sonnent comme des conditions sine qua non pour réussir le passage vers l’émergence !

Par Bachir Znagui 

 

 

 

 

 


Pour un travail plus réflexif

L’étude menée actuellement par Economia, portant sur le sens et la valeur du travail dans les organisations salariales au Maroc, interpelle le manager à bien des égards. C’est à travers l’identification de leviers et de moteurs d’action dans un contexte professionnel organisé, que cette recherche aspire à donner des recommandations concrètes pour les managers désireux de mieux comprendre, pour mieux décider.

Mena Hosts Celebrated Moroccan Writer

Mena Hosts Celebrated Moroccan Writer

MENA partnered with the Center for the Writing Arts at Northwestern to host Moroccan playwright, novelist, and magazine editor Driss Ksikes as a writer-inresidence for the spring quarter. An internationally recognized playwright, the former editor of the vital Moroccan magazines TelQuel and Nichane, and the current editor of the Moroccan publication Economia, Ksikes has made major contributions to the artistic, political, and intellectual life of Morocco and the Arab world more generally

Annual Report Links : 


Article les inspirations Eco dossier Economia sur les inégalités
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Article les inspirations Eco dossier Economia sur les inégalités

Dans le numéro 2022 - Mardi 26 décembre 2017 du journal Les inspirations Eco page 21 l'article la double peine des "Ni-Ni" parle de l'étude publiée dans le nouveau numéro de la revue Economia consacré à la question des inégalités.

Lien de l'article sur le site leseco: 

http://www.leseco.ma/maroc/62382-la-double-peine-des-ni-ni.html


Médias, université et société civile

Dans une certaine littérature libérale,  la société civile est une notion-valise qui englobe, non seulement les ONG, mais également l’univers académique et médiatique, puisque tous concourent à améliorer la cité et le bien être des citoyens sans concourir pour l’accès au pouvoir. Mais cette distinction classique entre société politique et société civile, ne semble plus à l’ordre du jour.

Éloge de la circulation

Éloge de la circulation

Auteur : Philippe Derudder

« Lorsque nous avons appris que 95 % des flux financiers sur notre planète étaient absorbés par la spéculation et que 5 % seulement servaient à l’économie réelle, nous avions notre réponse et l’une des causes des dysfonctionnements de notre économie », témoigne Philippe Derudder. Cet ancien chef d’entreprise est un des fondateurs de l’association AISES (Association internationale pour le soutien aux économies sociétales, www.aises-fr.org), qui promeut des recherches sur le développement d’économies au service de l’homme et de l’équilibre écologique. Pour l’auteur d’Une monnaie au service du Bien commun, Libérer l’intérêt collectif du carcan de l’économie marchande (Éd. Yves Michel, 2017) et de  Manifeste pour que l’argent serve au lieu d’asservir (avec André-JacquesHolbecq, Éd. Dangles, 2013), il s’agit de rompre avec un modèle économique devenu dangereux tant pour l’Homme que pour la planète. Les monnaies nationales sont en effet aujourd’hui objet de spéculations financières qui les détournent de leur fonction de dynamisation de l’économie réelle, notamment locale. D’autre part, le modèle de croissance, avec ce qu’il induit de surproduction, s’avère dangereux. Pour Philippe Derudder, c’est l’humain et le social qu’il faut replacer au cœur du système, en favorisant des circuits courts et en repensant l’acte d’achat.

Expériences alternatives

Philippe Derudder ne propose pas de remplacer les monnaies nationales, du reste monopole d’État chèrement défendu. Il s’intéresse à de nombreuses expériences pionnières qui restaurent la dimension de convention sociale de la monnaie. « Comme la monnaie locale tourne en circuit fermé par définition, elle ne peut sortir du réseau à l’intérieur duquel elle a court ; elle s’affirme alors comme un outil permettant de se réapproprier la maîtrise de l’argent tout en lui redonnant sa fonction première d’échange. »Le livre, publié en 2011 et qui en est à sa troisième édition, revue et augmentée, fait l’inventaire de ces expériences.La dernière partie est un guide pratique destiné à tous ceux qui s’intéressent à cette expérience et souhaiteraient la dupliquer. Le ton est pédagogique, volontiers imagé et émaillé de récits qui en rendent le contenu plus concret.

L’auteur commence par un rappel de ce qu’est la monnaie, « une reconnaissance de dette de la SOCIÉTÉ, en compensation de la richesse fournie par les membre de cette société, transmissible de personne en personne », revient sur les principes de double monnaie et de réserve fractionnaire au cœur du système monétaire moderne, sur la notion de dématérialisation de la monnaie. Il revient sur l’abandon de l’étalon or, et regrette que  la finance mondiale soit contrôlée par « un cartel de banques privées » alors que les banques centrales devraient être « des organismes publics mandatés et contrôlés démocratiquement par les nations ».  Pour lui, il ne s’agit rien moins pour les citoyens que de « reprendre le pouvoir sur la monnaie en toute légitimité ».

Le cœur du livre est consacré à la description des expériences passées et récentes de monnaies locales et complémentaires. Il est significatif qu’elles se soient produites lors de périodes de graves crises économiques et financières. Ainsi, plusieurs parmi les doyennes ont été mises en place dans les années 1930. À l’époque, il s’agissait de « redynamiser l’économie et de redonner du travail aux gens », mais la monnaie était encore indexée à l’or et on se faisait moins de souci pour l’environnement et pour l’ancrage local de l’économie. Philippe Derudder souligne qu’au-delà de ces différences avec des expériences plus récentes, le principe de « monnaie franche » au sens de libre, tel que théorisé par l’économiste allemand Silvio Gesell (1862-1930) dans L’ordre économique naturel (1916),  reposait déjà sur l’idée d’indexer la valeur de la monnaie sur le travail, et de concevoir une monnaie « à surestaries, perdant donc de sa valeur avec le temps », ce qui rend absurde toute tentative de thésaurisation et encourage la circulation.

La première expérience a eu lieu en Allemagne, dans la petite ville minière de Schwanenkirchen, avec la « Wära », un billet d’échange émis par la Société d’échanges commerciaux Wära, d’une valeur nominale de 0,5, 1, 2 et 5 Wära que pouvaient acquérir les membres de l’association. « C’était seulement dans des cas d’extrême urgence que la Wära devait être reconvertie en marks ». Le système permit de redynamiser la mine abandonnée, de remettre au travail les ouvriers et de reconstituer une économie locale impliquant les producteurs et commerçants de la région. « Un maximum de 20 000 Wära circulèrent simultanément entre 1930 et 1931, 2 500 000 personnes en firent usage ». D’autres expériences ont été tentées à Wörgl en Autriche, avec les équivalents-schillings qui permirent à la municipalité de rembourser ses dettes, de construire des routes, de reboiser, etc., à Nice en 1933 avec la Mutuelle d’Échange, à Berlin avec le Bären-Mark en 1949, en France à Lignières-en-Berry, en 1956, et à Marans en 1958, au Brésil, à Porto Alegre en 1959. Il y a eu aussi le Wir en Suisse, circulant dès 1934 entre 60 000 entreprises en parallèle du franc suisse et dont la coopérative a obtenu le statut bancaire. Plus récemment, il y a, en France, le mouvement des SEL (Systèmes d’échanges locaux)interroge aussi la valeur du don et du bénévolat, non reconnus comme richesses, le « Ithaca hour », inventé par le journaliste Paul Glover dans l’État de New York, le Credito en Argentine et les grands réseaux de troc en Amérique latine, le Palmas brésilien, le Chiemgaueur allemand, l’Abeille du Lot-et-Garonne, la Luciole en Ardèche… Certaines, comme l’Eusko basque, sont aussi des monnaies numériques, mais Philippe Derudder consacre un développement pour les distinguer du Bitcoin, monnaie qui reste purement spéculative.

En parallèle de ces descriptions, Philippe Derudder fait l’histoire des résistances étatiques à ces initiatives citoyennes : procès, interdiction des « mutuelles d’échanges »… Pourtant leur multiplication révèle une véritable interrogation sur le sens de la richesse.

 

Par Kenza Sefrioui

Monnaies locales, complémentaires et citoyennes, pourquoi, comment ? (3e édition revue et augmentée)

Philippe Derudder

Éditions Yves Michel, 348 p., 230 DH


Le FMI par la loupe de l’ONU

Le FMI par la loupe de l’ONU

Auteur : Nations Unies

Les institutions monétaires et financières internationales issues des accords de Bretton woods (FMI , Banque mondiale, OMC) ne sont plus à l’abri des critiques de l’intérieur du  système onusien .Une résolution de l’assemblée générale adoptée le 19 décembre 2016 a sollicité un rapport examinant le rôle de ces institutions dans  la promotion d’un ordre international démocratique et équitable et ce ,dans le cadre de la rubrique consacrée à la promotion et la protection des Droits de l’Homme.[i]

L’expert indépendant Alfred-Maurice de Zayas [ii] a présenté ce rapport à la soixante douzième session de l’AG réunie en Septembre 2017 .[iii]Le résultat est un document sévère à l’encontre du FMI dont ci-dessous la synthèse :

Un diktat idéologique

Le  rapport  sur le FMI rapporte les effets des politiques financières et économiques appliquées par celui-ci. Il  porte en particulier sur la « conditionnalité » des prêts de cette institution. Un véritable réquisitoire. Pour aborder la question, l’Expert indépendant estime que, dans l’exercice de ses fonctions, le FMI devrait s’assurer que ses pratiques de prêt, en particulier la « conditionnalité » n’entrent pas en conflit avec les normes établies en matière de droits de l’homme. Rappelant les travaux des éminents économistes mondiaux dont des « nobelisés »  très critiques envers le FMI , Alfred-Maurice de Zayas écrit :  « « Ce rapport ne prétend pas faire mieux que Naomi Klein dans son livre phare La stratégie du choc, ou surpasser les professeurs Joseph Stiglitz, Thomas Piketty, Jeffrey Sachs, Paul Krugman, Dani Rodrik, William van Genugten, Graham Bird et Dane Rowlands », il entend surtout formuler des recommandations permettant l’alignement des institutions de Bretton Woods sur le régime international des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, lesquels constituent des obligations non seulement pour les  États, mais également pour les  organisations intergouvernementales et les entreprises transnationales.

L’expert indépendant accuse l’institution d’avoir un positionnement strictement « idéologique » , « Les prêts du FMI, consacrés… au remboursement des dettes ou à la stabilisation des devises s’accompagnent toujours des mêmes exigences : privatiser les biens publics (qui peuvent être vendus à des multinationales guettant l’opportunité de frapper et ce, à des prix bien inférieurs à ceux du marché) ; supprimer les filets de protection sociale ; réduire de manière drastique le champ des services gouvernementaux ; éliminer les réglementations ; et élargir l’ouverture des économies au capital multinational, même au prix de la destruction de l’industrie et de l’agriculture locales. » . Il relève le paradoxe faisant  que sous la tutelle directe du FMI, quelques-uns des pays les plus pauvres ont sous-financé leurs systèmes de protection sociale alors que les débats mondiaux autour des objectifs de développement durable se centrent massivement sur la fourniture universelle des services clés…

Un usurier à dimension universelle !

D’un ton implacable, le rapport  met en relief le caractère usurier du FMI en reproduisant les termes de la fiche technique du FMI sur la conditionnalité stipulant   « Lorsqu’un pays emprunte auprès du FMI, ses autorités acceptent d’ajuster leurs politiques économiques pour surmonter les problèmes qui les ont conduites à solliciter l’aide financière de la communauté internationale. Les conditions de ces prêts permettent également de veiller à ce que le pays soit en mesure de rembourser le FMI ».Le rapport estime que dans la mesure où le FMI continue de mettre l’accent sur l’imposition de limites strictes aux dépenses gouvernementales, il se doit de définir clairement quel type de dépenses est nocif et quel type ne l’est pas. Notamment, les gouvernements ne devraient, en aucune circonstance, réduire les dépenses liées à la santé et à l’éducation, par contre le FMI ne met jamais en cause les dépenses militaires souvent  importants et très couteux.

Le rapport remarque  que « les capacités de surveillance du FMI sont inégalement appliquées selon le statut des économies des États membres. » .Il constate ainsi que « Selon le Bureau indépendant d’évaluation du FMI , cette institution a violé sa propre règle fondamentale en autorisant un sauvetage financier de la Grèce en 2010 sans être à même de garantir que le plan de renflouement permettrait de contrôler la dette du pays ou ouvrirait la voie vers le redressement. ».Il a rappelé aussi les constatations d’un autre expert indépendant onusien:  « À la fin de sa visite en Grèce en décembre 2015, l’Expert indépendant onusien chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, particulièrement des droits économiques, sociaux et culturels » Juan Pablo Bohoslavsky, avait  fait une déclaration soulignant son inquiétude sur le fait que près de 2,5 millions de personnes ne disposaient pas d’assurance-maladie à cause de la crise. Il a souligné que le droit au travail et à la sécurité sociale étaient compromis, que le chômage des jeunes stagnait à 47,9 %, et qu’une personne inscrite au chômage sur dix recevait les allocations de chômage. En parallèle, des millions ne bénéficiaient pas de régimes de protection sociale de base ».

Des Etats pliés à la volonté d’autres puissances

Le rapport considère  que « Le FMI doit s’abstenir de prendre des mesures qui menaceraient la possibilité pour l’État emprunteur de se conformer à ses propres obligations nationales et internationales en matière de droits humains. » et souligne que c’est également ce que rappellent les Principes directeurs relatifs à la dette extérieure et aux droits de l’homme de l’ONU [iv].

Concernant la dette grecque, le rapport note qu’en février 2017, l’Union européenne et le FMI ont décidé d’imposer des « mesures d’austérité » supplémentaires à la Grèce, contraignant notamment ce pays à faire un nouveau remboursement de 7 milliards d’euros à ses créditeurs.

 Concernant la Tunisie, le rapport relève que le  FMI a suspendu les versements du prêt de 2,8 milliards échelonné sur quatre ans pour « contraindre le Gouvernement à procéder à des licenciements en masse dans le secteur public, ainsi qu’à vendre ses actifs et, potentiellement, à diminuer les pensions ». Parmi d’autres conditions, le FMI a exigé que la Tunisie vende ses parts dans trois banques publiques, en plus de l’abolition de 10,000 emplois dans le secteur public .Le rapport rappelle que même  les participants au Sommet du Groupe des Vingt tenu à Hambourg en juillet 2017, avaient  déploré les mesures d’austérité supplémentaires que le FMI a imposées à la Tunisie.

La santé, victime du FMI

Le rapport relève aussi les effets de la conditionnalité des prêts du FMI sur les dépenses de santé dans le monde ; outre l’affaiblissement des infrastructures du secteur public, il constate les risques qu’elle fait prendre au droit à la santé, notamment à travers les exemples d’Ebola , du Sida et d’autres maladies ainsi que sur la santé des enfants dans les pays pauvres.

Le rapport examine le rôle du FMI dans l’ordre International autour de plusieurs volets , le premier concerne la corruption et  l’évasion et transparence fiscales .A ce propos , le FMI  avait répondu a l’expert en soulignant que la limitation des effets néfastes de l’évitement fiscal et de l’évasion fiscale sur les pays en développement requiert un renforcement des capacités, que déploie l’assistance technique du FMI. L’Expert indépendant considère cet argument comme insuffisant et  que le FMI pourrait se montrer plus proactif faisant de la transparence fiscale une condition et ce, en refusant d’octroyer des prêts aux pays qui abritent des paradis fiscaux.

Discrétion du FMI face à la corruption et à l’évasion fiscale

Le deuxième volet concerne le rôle du FMI dans la restructuration de la dette souveraine. A ce sujet, le rapport cite les propos de Anne Krueger en 2001, alors directrice générale adjointe du FMI, qui avait proposé une nouvelle approche de la restructuration de la dette souveraine. Elle remarquait que  « dans le droit interne, les entreprises et les individus peuvent avoir recours à des codes de faillite qui les protègent de leurs créditeurs, alors que les États souverains ne jouissent pas de ce privilège. ».

Le rapport enregistre qu’en juin 2016, le département de recherche du FMI avait  produit un document intitulé « Le néolibéralisme est-il surfait ? », remettant en question l’efficacité de l’actuelle idéologie directrice du FMI. Le document débute par la découverte sinistre suivante : « Au lieu d’apporter la croissance, certaines politiques néolibérales ont creusé les inégalités au détriment d’une expansion durable». L’examen de ces politiques en particulier aboutit à trois conclusions troublantes :

a) Les bienfaits en termes de gains de croissance semblent très difficiles à déterminer à l’échelle d’un large groupe de pays ;

b) Les coûts liés au creusement des inégalités sont importants. Ils témoignent de la nécessité d’arbitrer entre les effets sur la croissance et sur l’équité induits par certains aspects du programme néolibéral ;

c) Le creusement des inégalités influe à son tour sur le niveau et la durabilité de la croissance. Même si la croissance est l’unique ou le principal objectif du néolibéralisme, les partisans de ce programme doivent rester attentifs aux effets sur la répartition.

Afin d’élucider davantage l’application concrète des normes en matière de droits de l’homme aux institutions financières internationales, le rapport propose à ces dernières de demander un avis consultatif de la Cour internationale de Justice. Selon l’expert indépendant, l’article VIII de l’accord du FMI et des Nations Unies autorise explicitement le FMI à exiger des avis consultatifs au sujet de toute question juridique soulevée dans les limites du champ de ses activités.

Le rapport formule une série de recommandations .Constatant que l’évasion fiscale systématique par les entreprises et les personnes les plus riches coûtent aux pays pauvres un montant estimé à 20 milliards de dollars par an. Le rapport propose au FMI d’assujettir ses prêts à un nouvel ensemble de conditions, incluant :

a) L’adoption d’une législation prévenant la corruption et les pots-de-vin, accompagnée de véritables mécanismes de suivi ;

b) L’assurance de l’emprunteur qu’aucune partie d’aucun prêt ne sera utilisée pour satisfaire les réclamations de fonds vautours ou de créanciers récalcitrants.

c) l’assistance des juridictions dans le développement des capacités pour combattre les flux financiers illicites ;

d) la contribution  aux investissements publics dans l’éducation, l’économie des soins, l’eau et l’hygiène, ainsi que d’autres services publics de qualité ;

e) Le soutien des systèmes de pension durables, tel que promis dans le Programme d’action mondial d’avril 2017[v].

Par Bachir Znagui 

 

 

[i] « 22. Prie l’Expert indépendant de lui présenter, à sa soixante-douzième session, un rapport d’étape sur l’application de la présente résolution et l’invite à poursuivre ses recherches concernant l’incidence des politiques financières et économiques appliquées par les organisations internationales et autres institutions, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, sur l’instauration d’un ordre international démocratique et équitable ». Source : https://undocs.org/fr/A/RES/71/190

[ii] Alfred-Maurice de Zayas, est depuis 2012 l'expert indépendant des Nations unies pour la promotion d'un ordre international démocratique et équitable. De nationalité américaine ,Il est historien, avocat et écrivain.

[iii] Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde.

[iv] : « Les institutions financières internationales… sont tenues de respecter les droits de l’homme… Elles doivent à ce titre s’abstenir de formuler, d’adopter, de financer et de mettre en œuvre des politiques et programmes qui contreviennent directement ou indirectement à la jouissance des droits de l’homme ».

[v] Document de la direction générale du FMI


La croissance inclusive, ça existe …

Avec environ un jeune sur deux âgés de 25 à 35 ans disposant d’un emploi – souvent informel et précaire – l’emploi des jeunes pose un grave problème à l’économie, l’Etat et la société au Maroc.La plupart des économistes et des acteurs politiques et professionnels affirment que le remède serait dans un taux de croissance élevé et continu sur la prochaine décennie.Or, lorsqu’on pense croissance, certains critères  sont nécessaires  pour lui apporter un véritable contenu.Une croissance qui ne se répercute  que sur les revenus et les avoirs de 10% de la population la plus nantie

La communication de crise : Bien réagir pour mieux gérer
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La communication de crise : Bien réagir pour mieux gérer

Toute entreprise, société, association ou organisation est confrontée un jour ou un autre à une situation dite de crise. La communication efficace devient alors un procédé fondamental de gestion et de résolution. Chaque cas de crise est unique par sa situation et ses circonstances.

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