Nabil El Mabrouki
Chercheurs associés et permanents
Fadma Ait Mous
Chercheurs associés et permanents
Les diverses ficelles de l'économie de rente
La question de la rente fait l’objet de recherche multidisciplinaire depuis plus d’une cinquantaine d’années. Au sens le plus général, la rente désigne un revenu régulier qui n’est pas généré par le travail effectué ou commandé par le bénéficiaire. Elle peut prendre plusieurs formes. Celle qui nous intéresse particulièrement, c’est la rente fortement liée à une régulation politique et sociale. Il s’agit d’avantages et de privilèges accordés par l’État, favorisant la dépendance stratégique du privé au public. Ceci a constitué le cœur du policy paper produit par le Cesem, centre de recherche de HEM (voir p. 48). Comme le montre ce dossier, la rente peut aussi être la résultante de l’absence de l’intervention de l’État, d’une tolérance de l’État vis-à-vis de certaines positions non concurrentielles mais aussi d’un manque structurel d’équité économique. Ce numéro traite de l’économie de rente sous ses divers angles : conceptuel, théorique et pratique. Nous l’analysons d’abord au niveau international, pour comprendre globalement le cas des pays en transition économique (p. 7) et plus loin le cas spécifique des pays arabes (p. 27-33). Nous nous focalisons ensuite sur le cas Maroc, à partir de concepts clés : éthique, transparence, justice fiscale et droit. Enfin, nous identifions ses logiques et ses mécanismes et nous proposons des voies de sortie.
Mieux gouverner l'école
Quinze ans après le lancement de la réforme éducative, malgré toutes les bonnes volontés affichées, les impulsions juridiques et les budgets alloués, l’École marocaine souffre toujours de différents maux (décrochage scolaire, discriminations sociales, inégalités des chances, défaillances et dysfonctionnements de gestion…) qui révèlent des problèmes de gouvernance.
Que faire des nouvelles tendances de la pensée économique ?
Ce dossier Economia ambitionne, d’abord et avant tout, de présenter l’essentiel des pensées économiques, novatrices, stimulantes ou alternatives, qui aident à mieux aborder les questions du marché, de l’État, de la société, et donc de la distribution. Au-delà de la question immédiate de limitation des injustices économiques, telle que préconisée par Joseph Stiglitz et Amartya Sen, il est question d’explorer les voies de renouvellement des paradigmes de la pensée économique, à partir de plusieurs héritages, orthodoxes, hétérodoxes, alternatifs et culturelles.
Economie de l’information et information économique
Malgré l’ampleur de ses enjeux, l’information ne fait pas l’objet de nombreux travaux en sciences humaines et sociales. La littérature existante relève non seulement de réflexions générales sans travail de terrain, mais elle porte aussi essentiellement sur les grands pays d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord. Le développement d’Internet, et la domination des analyses faisant de ce nouvel outil technologique un remède « démocratique » contre les maux des systèmes politico-médiatiques existants, a contribué encore plus à complexifier les débats et les enjeux. La croyance dans les révolutions Facebook en 2011 est venue en apporter une nouvelle preuve...
Vers l’égalité économique Homme-femme ?
Il y a eu, à l’origine de ce dossier, le travail mené dans le cadre du Cesem par Lahcen Achy et Aicha Belarbi, qui mettent en évidence la baisse du pourcentage de participation des femmes à l’activité économique et leur prédominance dans des secteurs féminisés peu rémunérateurs et dévalorisants.
Le Maroc économique dans les échanges Sud-Sud
Dans les derniers rapports du World Economic Forum sur l’indice de compétitivité globale, le Maroc améliore son classement en passant du 73e au 70e rang mondial. Sur le continent africain, le Royaume se positionne comme étant le 3e pays le plus compétitif, derrière l’Afrique du Sud (52e) et le Rwanda (63e). Les rédacteurs du rapport consacré à l’Afrique rappellent que l’intégration régionale et le développement des échanges transfrontaliers ne peuvent qu’améliorer cette compétitivité et favoriser une meilleure répartition des effets de la croissance. Compte tenu de ce positionnement, il paraît donc évident que le Maroc a un rôle à jouer dans le développement économique d’un continent qui sera, d’ici 2050, la première puissance démographique dans le monde et, de manière plus large, dans ce nouvel ordre commercial qui verra la part des pays du Sud exploser d’ici 2050. Nous avons donc souhaité dans ce dossier interroger, questionner et analyser, les défis et les enjeux qui sont devant nous, lorsque le Maroc échange avec les autres pays du Sud, en Afrique, mais aussi en Amérique latine ou en Asie. Dans un premier temps, nous avons cherché à dresser un état des lieux et surtout des tendances dans lesquelles les échanges du Maroc s’inscrivent : qu’il s’agisse des obstacles auxquels nous sommes confrontés, de la stratégie économique et politique mise en œuvre ou encore des réalisations avec l’Amérique du Sud ou l’Afrique. Puis, dans un deuxième temps, nous nous sommes tournés vers ceux qui « font » les échanges : les entreprises. Une étude de terrain analyse globalement leurs pratiques à l’international. Puis, une entreprise (Bottu) et des secteurs d’activités (les médias et l’art) sont examinés afin de mieux comprendre ce qui est en jeu.
Les multiples facettes du LEADERSHIP
Dans ce nouveau rendez-vous, Economia vous offre une large palette. Le menu comprend d’abord un travail de repérage de deux chercheurs et spécialistes, El Mostafa et Adib Bensalem, où se déclinent les différentes théories du leadership (p. 7), ainsi qu’un examen de terrain effectué, sous leur direction, pendant une année et demie sur un échantillon de leaders et de collaborateurs dans des entreprises au Maroc (p. 13). Un autre éclairage nous est offert en termes d’entreprises marocaines et d’outils de communication. Omar Benaini, grâce à son regard d’observateur et d’évaluateur, a dégagé quelques constats typiques des entreprises marocaines (p. 19). Hammad Sqalli, chercheur en science de l’information, a exploré le modèle du leadership transfrontalier (p. 22) et, avec beaucoup de rigueur, Monique Dagnaud, spécialiste des nouvelles générations, a traité du rôle des réseaux sociaux en leadership (p 25)...
La RSE : mode, label et politique
La responsabilité sociale a toujours existé dans l’acte d’entreprendre. Toutefois, une évolution a fait de la RSE aujourd’hui une entité autrement plus développée. Dans ce dossier d’Economia, nous tentons une archéologie du concept. Il s’agit d’abord d’une esquisse étalée sur un demi-siècle décrivant les différentes générations de la responsabilité sociale (p. 7), puis d’une généalogie qui analyse les fondements et le contexte anglo-saxon où elle a pris forme (p.12). Le croisement de la généalogie avec la norme ISO 26000 spécifiquement dédiée à la RSE est crucial, puisque cette norme privée a la particularité de fixer des lignes directrices, pas des exigences de conformité (p. 16). Enfin, la notion de performance sociétale de l’entreprise permet de rendre encore plus concret la mise en musique de la RSE (p. 21).