Zuma ? zaâma, il ose !

Le gouvernement sudafricain de Jacob Zuma s’est lancé dans une entreprise courageuse que le Maroc devrait observer d’un oeil aussi concerné qu’attentif. Il s’agit de la mise en oeuvre du système BRT, un maillage de bus rapides - les fameux ReaVaya - qui permettra aux habitants de la province de Gauteng, qui englobe Johannesburg et Pretoria, de se rendre en toute sécurité de leurs townships vers leurs lieux de travail. Jusqu’à présent, ces liaisons biquotidiennes se faisaient grâce à une multitude de taxis collectifs, des minibus blancs de marque japonaise, d’un état souvent plus que discutable. A leur volant, des chauffeurs mercenaires, surexploités par les propriétaires des véhicules, affichant un mépris total du code de la route et donc de la sécurité des passagers. Ce secteur majoritairement informel et contrôlé par les noirs - un vieil héritage de l’apartheid – fonctionne comme une véritable mafia...

Code et conduite

H. veut s’acheter une voiture d’occasion, si possible avec un faible kilométrage, une bonne affaire ! M., lui, est vendeur dans un garage. Il a tout de suite repéré H., avec son costume-cravate de quadra qui a réussi : la bonne affaire ! La discussion roule toute seule. En bon commercial, M. développe son argumentaire de découverte pour cerner les besoins du client. « Tu veux la voiture qui nage ou celle qui ne nage pas ? »

Pas d'ascenceur pour les nilingues

Woula, Madame ! Nous, les Marocains, on est ‘multilongues’ ! » Etudiant dans une école privée d’ingénieur, Faouzi est mortifié par ses notes catastrophiques en français et pense très sincèrement que c’est de la faute de son enseignante qui n’apprécie pas sa triglossie2 à sa juste valeur. Comme beaucoup, Faouzi est né dans une famille qui, au quotidien, ne pratique que la darija.

Pourquoi pas les Subsahariens ?

Il faut s’y rendre discrètement : traverser un terrain vague rempli d’ordures plutôt que de longer le poste de police. A Sidi Khadeir, les migrants nigérians qui vivent retranchés dans les garages de ce quartier à la périphérie de Casablanca ne souhaitent pas faire parler d’eux. Sunday, 36 ans, est de ceuxlà. «A Oujda, m’explique cet ancien ouvrier agricole, les Subsahariens sont devenus trop nombreux, la population ne les accepte plus. Cela entraîne beaucoup de rafles. Casa, c’est grand, alors à condition d’être discret, tu risques moins de te faire repérer».

Edito 7: créativité et justice, pour mieux s'en sortir

Fertiliser la terre, capitaliser dessus sans exclure les «sans-terre». Prendre le risque de l’initiative et de l’entreprise, même là où l’on croit que le système est clos. Et moderniser le commerce sans le cadenasser, pour favoriser autant les «grands» que les «petits». Nous pouvons, par ces trois incitations/mises en garde, résumer les principaux enseignements de ce numéro de La revue Economia, comme nous pouvons nous en inspirer pour repenser les défis socioéconomiques de demain.

Edito 6: quels territoires pour la Diaspora ?

La diaspora est par définition dans l’entre-deux, voire trois (pays), mouvante, mais susceptible de trouver ancrage dans un territoire attrayant. Les territoires, eux (le terme est à entendre dans le sens de «régions et communes locales»), sont naturellement arrimés à l’Etat national, mais humainement et économiquement détachés de l’espace national. Ils dépendent en partie de transferts de migrants, permettant aux populations locales de s’en sortir, et d’aides de réseaux interurbains qui se tissent de plus en plus par-delà les Etats.

Edito 5: La classe moyenne en sauveur providentiel

L’appel pour la construction urgente d’une classe moyenne pourrait devenir une nouvelle doxa religieuse, censée en renforcer les corollaires, la démocratie et le libéralisme. Mais il a très peu de chances d’accéder à ce rang, faute de “chapelles” et surtout de lobbies pouvant plaider sa cause et drainer les fonds qui vont avec. Mais qu’est-ce qui fait renaître aujourd’hui la cause “classe moyenne” de ses cendres ? Le bon sens aiguisé par la crise dans les pays riches, et le sentiment d’aller dans le mur dans les pays qui s’en sortent à peine, le Maroc y compris.

Edito 4 : Quand le financier devient fatal

j’ai souvent été intimidé par la capacité des financiers à jongler avec les modèles, les fonds, les titres, les actifs et tutti quanti. Avant le déclenchement de la crise financière internationale, je me suis toujours demandé à quoi servaient les trillions de dollars qui dormaient dans des paradis fiscaux ou qui transitaient par des voies économiques impraticables si, en face, la pauvreté battait encore son plein et l’humanité n’investissait pas assez pour comprendre les phénomènes qui pourraient l’engloutir davantage, par pure ignorance.

Chroniques tunisiennes

Drapeaux, banderoles, en moins de quelques heures, cette coquette artère du centre ville tunisois se remplit de centaines de personnes. Le président Ben Ali, dont les affiches sont placardées dans toute la ville en vue des élections de 2009, s’apprête à s’offrir un bain de foule avec son «ami» Nicolas Sarkozy, en visite au pays du jasmin. Aux alentours du centre ville barricadé, aucun camion n’est venu transporter la horde de jeunes, bardés de drapeaux tunisiens.

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