

Si l’on vous dit, répartition inégale des revenus, évasion fiscale, économie informelle significative, travail au noir, nonpaiement des cotisations sociales, recouvrement très partiel de l’impôtpayé très majoritairement par les salariés, recherche de la rente au lieu de la création de richesse et donc culture du fonctionnariat et du clientélisme politique, corruption, surendettement des ménages, spéculation immobilière et foncière effrénée, foncier opaque, oligarchie militaire, dépenses de défense colossales en raison des relations houleuses avec le voisin et ennemi héréditaire...
Le 2011 arabe, avec ses ramifications mondiales, arrivant jusqu’aux portes de Wall Street, semble être sur le point d’achever définitivement le Consensus de Washington. Ce dernier, né sur les décombres du Mur de Berlin en 1989, annonçait à partir de la Mecque du capitalisme mondial, le triomphe des fortunés. Inspirés par l’école néolibérale de Chicago, les dix commandements de ce Consensus étaient censés remettre les pays en développement sur les rails de la croissance et de la rigueur budgétaire. Un mot-clé manquait au programme : la justice (sociale et économique).
Aujourd’hui, deux tensions sociodémographiques se conjuguent et font pression sur les pouvoirs politiques et les décideurs économiques. D’un côté, des jeunes formés, tant mal que bien, déferlent en masse sur les places publiques pour exiger de la dignité, du travail et une place au soleil. En réponse, ils reçoivent au mieux des abris à l’ombre de la précarité. En parallèle, de plus en plus de femmes émancipées, autonomes, débarrassées de traditions inhibitrices, avancent leurs pions pour parvenir à une parité rêvée.
Le mur de Carthage est tombé. Et avec lui, se sont effondrées, tel un château de cartes, toutes les illusions de l’élite bien pensante de la région. Non, l’autocratie ne peut durer avec des aménagements et des saupoudrages de façade, et réduire au silence ad vitam æternam tous ceux qui en subissent le contre-coût économique.
Nous ne faisons pas une revue qui colle à l’actualité économique, mais qui essaie d’éclairer par la recherche les zones sombres de l’économie que le plein feu médiatique occulte ou n’élucide pas assez.
Powerpoint est dangereux parce qu’il crée chez nous l’illusion de comprendre et de contrôler la situation». Quand j’ai lu dans The New York Times cette déclaration du Général Stanley Mac Chrystal, en Afghanistan, et pris connaissance du débat salvateur qui s’en est suivi sur le décalage de plus en plus grandissant entre «intelligence technique et communicationnelle» et «intelligence stratégique à l’écoute du réel», j’ai compris en partie l’origine de nos défaillances. Passons outre la connotation militaire sous-tendant la réflexion de départ et osons sa transplantation.
En France, la régularisation de la situation des évadés fiscaux dénoncés par un exemployé de la banque HSBC devrait générer 700 millions d’euros, soit 30% de l’amélioration prévue pour les rentrées fiscales de 2010. En Allemagne, la Chancelière Angela Merkel a donné son accord pour acheter à un informateur contre 2,5 millions d’euros, des données bancaires volées à une banque suisse et mettant en cause 1500 de ses compatriotes. Elle espère ainsi récupérer 100 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires, soit 40 fois la mise de fonds... un vrai jackpot !